Ce blog est destiné à rassembler le résultat d'une exploration menée depuis une vingtaine d'année à partir de la notion de Métier. Derrière ce mot, j'ai bien évidemment découvert toute une culture orale du bien faire à partir de soi, mais surtout des modes opératoires extrêmement intéressants.

En y réfléchissant, j'ai trouvé une clé d'actualisation de ces modes opératoires. Pour passer du monde de la matière à celui de l'information sans perdre nos savoir-faire individuels et collectifs, il suffit
de poser : "Est matière ce qui résiste". Le bois résiste, le bois est une matière, la pierre résiste, elle en est également une. De ce fait, nous pouvons considérer que toutes les contraintes auxquelles nous nous confrontons aujourd'hui sont des matières que nous pouvons transformer, et même mieux : utiliser. En vingt ans je n'ai rien découvert qui aille contre ce principe, au contraire, il est infiniment fécond. Il permet de tirer parti de notre culture professionnelle et non de la nier pour en importer de moins adaptées à ce que nous sommes et à ce qu'est le monde aujourd'hui.

Depuis je me suis fabriqué une nouvelle façon de réfléchir reposant non pas sur des présupposés fixes (ce qui est le propre de toute théorie) mais sur des questions qui donnent des points de repères au praticien que je suis. Par ailleurs j'ai également fabriqué des "outils" permettant à ceux qui les utilisent de transformer eux-mêmes leurs contraintes en outils. De ce fait, toute situation peut être prise comme un point d'appui concret vers un mouvement qui emporte vers de nouveaux horizons. Ici c'est le geste et la contrainte qui ouvrent à l'avenir et non pas une idée que nous tenterions de mettre en oeuvre.

Je vais m'efforcer de diffuser progressivement et le plus clairement possible ce que j'ai redécouvert pour le restituer, non à ceux qui me l'ont transmis - souvent sans le savoir ! - mais à d'autres, vous par exemple.

Mes coordonnées : dominique.fauconnier@wanadoo.fr

dimanche 25 mars 2012

Le Métier : des mots qui voyagent

Le mot métier ne désigne pas un concept, mais une réalité que l'on perçoit aussi bien à partir d'un certain nombre de représentations qu'à partir de sensations physiques. C'est un tout qui ne peut être "attrapé" par le seul moyen de la pensée.
Lorsque l'on partage avec d'autre ce que l'on perçoit de ce mélange d'idées et d'expérience, notre relation à ce que désigne ce mot s'enrichit, se précise, se développe. C'est un mot qui s'utilise tel qu'il est et tel qu'il nous apparaît. Pour s'en rendre compte il suffit d'essayer. Le mot métier est une entité dont nous pouvons nous saisir et qui est actif comme un outil. Réfléchissez par exemple à la question: "De quel métier suis-je porteur ?", et tentez d'y répondre. Plus vous y réfléchirez, plus le mot vous emportera loin de ce que vous aviez en tête au début de l'exercice. Il n'est pas nécessaire de définir le mot "métier" pour l'utiliser.
Le mot "métier" s'utilise efficacement dans la forme interrogative : "Quel est mon/notre métier ?". La question est aussi puissante et aussi inusable que "Qui suis-je ?" ou "A quoi est-ce que je sers ?". 

Pour en donner une illustration, voici ci-dessous une expression faite à partir de mots choisis un par un parmi un ensemble proposé, puis assemblés "de façon à ce que l'ensemble soit plus juste que la simple addition des mots retenus". La consigne de départ étant : "Je dois retenir les mots qui traduisent une dimension de mon métier, tel que je le ressens, et seulement ceux-là". 

Au résultat, vous pouvez remarquer qu'ici il n'y a pas de phrases. Nous nous affranchissons des règles de la grammaire pour en suivre d'autres. L'ensemble formé par ces mots choisis et assemblés spatialement est extrêmement parlant. Notre langue trouve là une autre façon de s'utiliser, façon qui traverse les murailles de nos idées et qui produit un résultat dont la richesse n'est pas comparable avec ce que l'on pourrait produire avec des phrases et la linéarité qu'elle impose à notre expression.