Le mot métier ne désigne pas un concept, mais une réalité que l'on perçoit
aussi bien à partir d'un certain nombre de représentations qu'à partir de
sensations physiques. C'est un tout qui ne peut être "attrapé" par le seul moyen de la pensée.
Lorsque l'on partage avec d'autre ce que l'on perçoit de ce mélange
d'idées et d'expérience, notre relation à ce que désigne ce mot s'enrichit, se
précise, se développe. C'est un mot qui s'utilise tel qu'il est et tel qu'il
nous apparaît. Pour s'en rendre
compte il suffit d'essayer. Le mot métier est une entité dont nous pouvons nous
saisir et qui est actif comme un outil. Réfléchissez par exemple à la
question: "De quel métier suis-je porteur ?", et tentez d'y
répondre. Plus vous y réfléchirez, plus le mot vous emportera loin de ce que
vous aviez en tête au début de l'exercice. Il n'est pas nécessaire de définir
le mot "métier" pour l'utiliser.
Le mot "métier" s'utilise efficacement dans la forme
interrogative : "Quel est mon/notre métier ?". La question est aussi
puissante et aussi inusable que "Qui suis-je ?" ou "A quoi
est-ce que je sers ?".
Pour en donner une illustration, voici ci-dessous une expression faite à partir de mots choisis un par un
parmi un ensemble proposé, puis assemblés "de façon à ce que l'ensemble
soit plus juste que la simple addition des mots retenus". La consigne de
départ étant : "Je dois retenir les mots qui traduisent une dimension de
mon métier, tel que je le ressens, et seulement ceux-là".
Au résultat, vous pouvez
remarquer qu'ici il n'y a pas de phrases. Nous nous affranchissons des règles
de la grammaire pour en suivre d'autres. L'ensemble formé par ces mots choisis et assemblés
spatialement est extrêmement parlant. Notre langue trouve là une autre façon de
s'utiliser, façon qui traverse les murailles de nos idées et qui produit un
résultat dont la richesse n'est pas comparable avec ce que l'on pourrait
produire avec des phrases et la linéarité qu'elle impose à notre expression.